Et si votre langue maternelle, et si toute langue en disait long sur la culture à laquelle elle appartient ?
Passionné de langues et polyglotte, j’ai décidé de m’intéresser au sujet et je vous expose quelques unes de mes théories basées sur de simples réflexions que je me fais en apprenant les langues. NB : Cet article n’a pas la prétention d’avoir une quelconque valeur scientifique 🤔
I Les sentiments ♥️
A Le Japonais – 12 manières de dire : « Je t’aime »
Demandez à un Japonais comment dire « je t’aime » dans sa langue maternelle et vous verrez sa surprise : « Comment ça je t’aime ? » « Je t’aime à qui ? » « Dans quel contexte ? ».
Vous me direz … nous aussi français nous pouvons nuancer notre propos en disant : « Je t’apprécie », « je t’aime bien », « je t’aime ». Nous arrivons donc (sans compter les adjectifs qui s’ajoutent à ces trois expressions) à 3 nuances.
Les Japonais eux en ont 12 ; 12 manières de dire à quelqu’un qu’ils aiment ce qu’ils ressentent.
Concrètement, qu’est ce que ça nous apprend sur leur culture ?
Selon moi, ce besoin de surnuancer son propos est directement lié au rapport qu’ont les Japonais les uns aux autres. J’établis (à tort ou à raison, à vous de me donner votre avis dans les commentaires 😉 ) un parallèle entre la distance physique (ce fameux espace vital) que les Japonais s’imposent, le fait qu’ils évitent un maximum de se toucher (ils se saluent en s’inclinant par exemple) et le fait qu’ils aient également du mal à parler ouvertement de leurs sentiments. En discutant avec une Japonaise, j’avais appris qu’il y avait un « je t’aime » différent pour chaque personne (prenons l’exemple de Mugen, jeune Japonais de 19 ans). Mugen emploiera une phrase différente pour déclarer le feu qui enflamme son choko (coupelle à saké) à sa mère ou à une copine, sa copine, sa future copine, une amie, sa meilleure amie, sa cousine et j’en passe !
Envie d’en apprendre plus sur le sujet :
je t’aime – apprendre le japonais
Je vous invite aussi à lire ce très bon article du blogueur un Gaijin au Japon (un étranger au Japon : il nous explique pourquoi les relations entre Japonais et étrangers sont rendues plus difficiles par un choc culturel).
B L’italien – toujours prêt à dégainer son cœur (cliché ou réalité ?)
Les italiens comme les français sont souvent perçus comme des gros dragueurs pour qui l’apparence (la figura) compte énormément mais aussi de manière générale comme des gens chaleureux et accessibles. Pour avoir vécu quelques mois et voyagé de nombreuses fois dans ce pays (mon coup de cœur en Europe) je confirme !
Les italiens disent donc je t’aime/je t’aime bien très (trop ?) facilement. Pour cela ils ont même une expression : « Ti voglio bene » mot pour mot : « je te veux bien ». Cette formule très ambiguë et un peu passe-partout est utilisée par les bons amis, par la famille, entre futurs amoureux et parfois même entre ex (ce qui n’est, soit, pas toujours bon signe). Un exemple de la facilité avec laquelle elle est utilisée : l’autre jour, à Hanovre (voir aussi mon expérience d’assistant de langues à Hanovre) j’ai rencontré un italien avec qui je n’avais discuté que deux ou trois fois et pourtant il m’a dit « Ti voglio bene » (TVB par écrit).
II La nature 🍂
Les inuits – qui vous me l’accorderez, ne vivent pas dans ce que l’on pourrait appeler un four – n’ont pas moins de 50 mots pour désigner la neige.
III La communauté 👨👩👧👦
Après le Japon et l’Italie c’est maintenant vers le monde Arabe (j’entends par là Arabophone) que je vous fais voyager.
J’aimerais partager avec vous un détail de la grammaire Arabe qui m’a fait beaucoup rire lors de mon initiation à cette langue : le duel. Non, non non pas CE duel 🤺.
Le duel c’est une règle grammaticale qui s’intercale entre le singulier et le pluriel pour dénombrer des personnes par exemple.
La terminaison du mot changera (comme en français) si l’on parle d’une personne, de deux personnes ou d’un groupe. Si si, vous m’avez bien lu. Cela implique que du point de vue grammatical (et donc d’après moi culturel) un locuteur natif est encore seul (j’exagère un peu mais l’idée est là) lorsqu’il est déjà avec un ami ou un membre de sa famille. La famille, c’est justement là où je voulais en venir ; n’est il pas coutume dans les pays du Maghreb par exemple d’avoir des familles nombreuses voire très nombreuses de notre point de vue occidental ? D’ailleurs, au Moyen Orient et dans d’autres régions du monde dont l’Arabe est la langue officielle, les jeunes et les moins jeunes passent beaucoup de temps en groupe, dans de grands groupes d’amis. Ceci explique cela enfin … c’est ma théorie.
Et vous dans tout ça, qu’en pensez-vous ? Donnez moi votre avis dans les commentaires et dites moi si vous parlez des langues étrangères et si celles ci vous font aussi parfois sourire de par leurs constructions.
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Excellent article ! Toujours intéressant de mettre en avant les liens entre langues et cultures !!
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Merci ! J’ai le sentiment que les apprenants ne s’interrogent pas assez sur tout ce qui gravite autour des langues et comment se l’approprier.
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Parfaitement d’accord et cela reste bien dommage !!
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Un régal cet article ! Comme toi, je suis passionnée par les nuances des émotions et conceptions humaines qui s’expriment dans les différentes langues, et par la façon dont elles transforment notre vision du monde. J’adore ta réflexion sur l’arabe, j’ai beaucoup d’amis arabes qui me parlent de ses particularités (notamment les déclarations d’amour ultra superlatives à nos yeux, ou la créativité des insultes), et ça me tenterait bien de l’apprendre.. si seulement j’avais plus de temps. Mes trois langues vraiment maîtrisées, profondément assimilées, dans lesquelles je peux écrire, rêver, aimer et me disputer, c’est français, anglais, allemand. Je lis le suédois, le latin et l’italien, j’en comprends l’architecture et la logique, mais hélas, je ne les parle pas. J’aimerais tant en connaître davantage !
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Merci beaucoup, ça me touche d’autant plus venant de ta part ! Ce que tu évoques est déjà pas mal 😉
Je posterai bientôt des conseils pour pouvoir apprendre facilement de nouvelles langues, ça t’intéressera peut-être.
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Merci!
Je ne peux que t’encourager à continuer dans ton apprentissage des langues 🙂
N’hésite pas à jeter un œil à la méthode Pimsleur pour t’initier à l’Arabe.
L’Arabe est, comme tu le dis justement, une langue de nuances et d’émotions.
Lire cette langue ouvre les portes de somptueuses cultures.
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J’apprends le français et ce qui me frappe encore souvent c’est la prononciation et l’orthographie de cette (certes très belle) langue. Par exemple, je me suis demandé pourquoi dans certains textes on lit plutôt « c’est sûr que l’on fait… » au lieu de « c’est sûr qu’on fait… ». La seule réponse que j’aie trouvé c’est que « que l’on » a un son plus agréable (pas aussi con que « qu’on »?) et peut-être que c’est grâce à ces modifications subtiles que le français est si beau.
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Il y a une réponse historique aussi, elle vient du français médiéval, qui se déclinait de manière résiduelle.
Ainsi, le latin populaire *ILLI HOMO a donné « li on », et son accusatif *ILLE(M) HOMINE(M) a donné « l’homme ». Quand la déclinaison du français médiéval a disparu, peu avant la renaissance, les deux mots se sont maintenus avec des sens différents : li on, devenu l’on (« li » faisait un peu vieux jeu) a pris un sens général et impersonnel, tandis que l’homme a gardé son sens, qui est le même aujourd’hui.
Ainsi, le français dira plus facilement « que l’on a ». Cette habitude de langage suit les règles de l’euphonie : il est très malaisé, par exemple, de dire « que l’on l’a ».
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Et tu ne te contentes pas seulement de l’apprendre, tu le maîtrises ! 😉
Oui, c’est probablement pour sonner plus agréable, comme lorsque l’on évite – via l’apostrophe – d’employer deux voyelles à suivre.
L’orthographe française reste compliquée alors un grand bravo !
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Je parle, écrit et lis (compréhension pas toujours au top) : français, anglais, espagnol, italien, latin et grec (base) + arabe littéraire mais je voudrais bien apprendre également l’hébreu, le japonais et le sumerien mais pour cela il faudrait que je sois un peu plus courageux…
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Génial ! Oui, la motivation est l’un des secrets 😉
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Je le pense également Mael
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